BOILEAU (Minerva)
Aujourd’hui, 11 février 1687, nous avons dû nous rassembler dans la taverne du village pour rencontrer les imbéciles des modernes et leur expliquer quelques choses sur la bonne littérature.
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Avant de poursuivre ce débat, je voudrais préciser que les seuls imbéciles sont ceux qui restent ancrés dans le passé et ne parviennent pas à le surmonter. Il y a longtemps que L'Iliade est sortie, vous devriez la dépasser.
RACINE (Celia)
Alors, nous allons commencer. Nous voudrions démarrer avec une question facile. Pourquoi voulez-vous plus de progrès si nous avons déjà dépassé le sommet de la littérature ? Vous êtes des ribauds!
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Quelle paire de crétins. Il y a longtemps que l’Iliade est sortie, vous devriez la dépasser.
RACINE (Celia)
Vous pensez que vous écrivez des chefs-d'œuvre, que vous pouvez surpasser les plus grands comme Homère, mais vous n'êtes même pas proche de ce que les femmes écrivent.
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Boileau, vous êtes un connard. Vous ne savez parler que des sujets nobles de toute l’histoire. Dans vos satyres vous critiquez tout ce qui est nouveau, vous êtes devenu obsolète comme Malherbe!!!!
BOILEAU (Minerva)
On ne donne pas de la confiture aux cochons.
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Racine, vous avez un bâton dans le cul! Tu es raide comme un piquet parce que dans tes trágedies tu ne t'écartes pas même un petit peu des règles du théâtre classique, (inspirées du théâtre antique, et qui répondent à la règle des trois unités : unité de temps, unité de lieu et unité d'action. )
RACINE (Celia)
Mais il faut suivre la règle des 3 unités, sinon ce serait un manque de contrôle, que sommes-nous, barbares, espagnols?
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Vous ne savez que suivre les règles, respecter les hémistiches, la raison…vous ne faisiez que la lèche au roi. Eh bien, surprise!, vous n’hériterez pas du royaume.
BOILEAU (Minerva)
Peut être que nous n’hériterons jamais le royaume, mais nous hériterons le bon goût, et cela ne s’enseigne pas ! Le plaire est cela qui compte ! De surcroît, Perrault, vous avez vu qui parlez ? Dans ton poème Le siècle de Louis le Grand, tu es le plus flatteur de tous!
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Tu n'as pas compris le poème de mon ami, l'important c'est que tu n'ailles pas trop loin avec la vénération des auteurs de l'Antiquité.
BOILEAU (Minerva)
En plus, Fontenelle, comment allons-nous vous prendre au sérieux quand votre Tragédie d'Aspar a été le plus grand échec du siècle, fainéant ???
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Bâtard ! Comment osez-vous l’insulter comme ça, moi au moins il essaie d’innover dans ses œuvres et d’apporter son propre style, vous êtes ancrés dans le passé. Regardez toutes vos œuvres sur la Grèce antique, Phèdre, Andromaque ou Iphigénie. Toutes sont une douleur dans le cul!!!!
RACINE (Celia)
Tais-toi, Petit Poucet! Du sommet de l’intellect, on ne t’entend pas !
BOILEAU (Minerva)
La seule chose que vous savez bien faire, c'est parler de princesses, consacrez-vous mieux à cela, chenapan!
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Allez les idiots! Boileau, vous dites que votre but est de plaire avec votre littérature, mais vous ne remettez pas en question les nouveaux besoins de la littérature et de notre société. Nous ne sommes plus dans la Grèce antique, les Romains sont partis il y a un moment!! Réveillez-vous.
RACINE (Celia)
Trente-six métiers, trente-six misères, Fontenelle… Il vaut mieux vous consacrer à l’un de vos nombreux métiers : avocat, scientifique, dramaturge… et laisser la littérature à ceux qui savent la comprendre et la faire, bélître!
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Boileau, vous avez moins de personnalité qu’un agneau, tu es un maraud. Dans votre Art poétique, vous faites une louange de Marot et vous critiquez d’autres modernes qui sont beaucoup mieux comme Ronsard.
BOILEAU (Minerva)
Eh ! Ne te frotte pas à notre Marot! S’il était ici avec nous, il rirait de tes grossières paroles.
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Pour commencer, si Marot était là, il ne nous entendrait pas, car il était plus sourd qu’un mur. En outre, si les arbres d’antan sont aussi grands que ceux d’aujourd’hui, pourquoi n’y a-t-il pas d’aussi bons écrivains que ceux des temps anciens ? Ou est-ce que vous avez peur de ne pas être à leur hauteur?
RACINE (Celia)
Les anciens ont créé des œuvres magistraux, ils avaient des esprits superlatifs et vous vous comparez à eux ? Vous souhaitez avoir un huitième de leur cerveau extraordinaire ! Car clairement nous n'avons que décliné depuis l'Antiquité.
PERRAULT (Ana) / FONTENELLE (Paloma)
Comme je le dis dans mon œuvre “Digression sur les Anciens et les Modernes”, tous les cerveaux sont pareils, ceux de l'Antiquité et ceux d’aujourd'hui, mais peut-être que les vôtres sont un peu défectueux si seulement vous savez en être copieurs.
Nous ne voulons plus vous écouter, nous avons déjà vu que vous ne changerez jamais et ne nous donnerez jamais raison pour incompétents. Quoi qu’il en soit, ce fut un plaisir de parler avec vous et de confirmer que c’est nous les intellectuels.